Andalousie 2014

Publié le par les participants

Début octobre.

Étaient participants à cette expédition : Bart, Alex A, Hamida, Lalou, Fabien, Mathilde, Antoine, Geneviève, Emma.

Premier jour:

Pour cette semaine, les membres du club venaient de partout : Hamida et moi par avion de Marseille pour Séville à 16h, Bart et Emma rejoignaient Alex à Lyon le vendredi soir (venant de Dijon et de Lozère) pour un départ vers 6h du matin pour Séville à 8h, Fabien, escorté de sa femme et de son (très) jeune fils, venaient de Madrid en faisant un détour par Ronda pour nous prendre à 16h à Séville. Quand à Antoine, Mathilde et Geneviève (descendue elle à Millau par train), ils arrivaient sur Ronda en soirée après deux jours de voiture.

Pour cette semaine, un début simple, donc.

Après un lever à un horaire décent et un trajet sans histoire à travers des départements sinistrés par les crues, et deux heures d’avion occupées surtout à dormir, nous arrivâmes sur Séville, attendus impatiemment par Emma, Bart et Alex. Apparemment, leur voyage avait été plus sympa que le nôtre : ils nous racontèrent des histoires de deux heures de sommeil, d’égarement dans Séville, de 20€ de racket (ou d’achat de brin d’herbe, selon les sources)…

Coupant les récits déjà épiques avant même le début du camp, Fabien nous emmena faire quelques courses, dont des bottes pour celle qui avait voyagé léger, un jambon énorme qui fut un partenaire sûr durant toute la semaine, et moult aliments de pays.

Après, voyage vers Ronda dans les étendues semi-desertiques de la région sévillaise. Arrivée là-bas à la nuit. Fabien nous lâcha avec son véhicule pour que nous trouvions un bivouac adapté (du moins possible). Chose faite après une heure à tourner dans la campagne de nuit…

Donc tentes, puis repas chaud.

Ils ne nous restaient qu’à faire la jonction avec le reste du groupe, ce qui ce produit qu’après 23h30 (il faut dire qu’ils avaient été égarés par un SMS fielleux d’Hamida les envoyant à l’autre bout de la province).

Enfin réunis, tout le monde se coucha, accablé par la journée.

Deuxième jour:

Fraichement arrivé de France pour certains en avion, pour d’autres en voiture, la nuit fut courte et qui plus est sous une pluie comme ils n’ont jamais vu en Andalousie, faut dire qu’il ne pleut pas comme en Lozère non plus…

Le départ se fait depuis l’auberge de Ronda sur les coups de 10h30 :

-Alors motivé ? Comment s’est passée la nuit ? Humide je suppose. Bref, après un petit moment d’échange je salue Geneviève, Mathilde et Antoine qui ont encore les lombaires L2 et L3 incrusté dans la 307.

Bref, tout le monde vérifie ses affaires, la nourriture, et là Antoine ou Bart je me rappelle plus a eu envie d’imperméabiliser le sol façon locale, on va dire à l’huile d’olive, heureusement que la bouteille en verre résiste mieux que le plastique, fou rire moquerie nous laisse présager une bonne journée.

Allez c’est parti pour une heure et demie de route, au fait vous leur avez dit à l’équipe qui est dans la 307 qu’on a 6km de piste, notre cher président , Lalou pour ne pas le citer me dit « de toute façon ce sera de ta faute….. Connard », j’adore les compliments ;-)))

Donc après notre trajet, on commence à monter la fameuse piste, c’est gras, ça patine, Antoine me dit même « bon là il en faudrait pas plus parce que sinon il me faut convertir la bagnole en 4*4 », c’est clair je comprends.

Sur les 6 km de piste, on aperçoit du grès, du schiste mais pas de calcaire… Le Karst de Motillas serait-il perché ?

On gare les voitures dans un pré au bord de la piste, il est 12h30 - 13h il me semble. On commence à sortir les victuailles dont un jambon coupé au couteau Canyon, bref quand on sait qu’en Espagne le Jambon c’est comme une religion, heureusement que personne n’est passé à ce moment là !!!

Bon, on s’équipe, on n’est pas venu la pour enfiler des perles non plus. Emma : « ah oui mais moi j’ai pas de longe, pas de combi », t’inquiète lui dit Bart, j’ai une ficelle pour attacher mon hamac, bon on dira à personne c’était de la dyneema, de l’autre côté j’entends : « et moi j’ai pas de descendeur », bref une bonne équipe de Spéléo où on arrive tout le temps à se démerder.

Puisque tout le monde est prêt, yaka, la clé de 13, les kits chargés et là le déluge certains se cachent sous les arbres, d’autres disent « mouillé pour mouillé », et puis les grottes en Andalousie sont chaudes.

Nous nous trouvons à l’entrée supérieure du réseau nommé « Ramblazo ».

On commence notre descente par un P4, équipé à l’espagnole (photo si tu l’as Lalou). Et là j’ai été surpris de la réaction de tout le monde : « Ah mais c’est trop beau, eh venez y’a un méandre ». Les kilomètres en 307 et autres péripéties étaient oubliées, maintenant c’est le début de la découverte : on enchaine des petits ressauts de toute beauté avec des coups de gouge assez petits qui témoigne certainement d’une vitesse de circulation d’eau assez rapide.

Nous arrivons à un P20, on vérifie un coup les descendeurs, allez ça le fait !!! et les fractios, oh merde y’a un fractio. Bon allez je t’explique une fois et après c’est à toi !!

Là, on commence à apercevoir des volumes intéressant dans un calcaire vraiment compact.

Tout le monde enchaîne, et là je retrouve un groupe de filles en haut d’un P30 en train de jouer au « ce sera toi qui passera en premier »…

Le P30 est vraiment bien creusé, on enchaine ensuite des petits puits P7, P10 jusqu’au moment ou on arrive à une vire ou la pause « Barre de céréale » fait du bien à tout le monde.

De là, on s’engouffre dans une galerie fossile à 2 étages. De belles formations commencent à apparaître avec pas mal de guano à côté mais pour le moment ce ne sont que quelques individus ci et là que nous retrouvons. Après un peu de progression à quatre pattes, nous arrivons au « paso de la Tabla » (en français, passage de la planche). Chacun remplit son Croll, nous progressons dans des espaces réduits mais commode : sable ou argile dure au sol. D’un coup, je m’arrête parce qu’on commence à voir pas mal d’individus de chauve souris, par groupe de 4-5 puis 10-15 et nous arrivons dans un salle où il y en a vraiment de partout. On attend tout le monde, on éteint les lampes, faut qu’on découvre ça ensemble.

La salle de dimension 15m*25m*15m est vraiment tapissée de chauve souris, ça sent le guano de manière assez forte. Avec nos lampes, nous arrivons à bien distinguer toutes les colonies, je crois que c’est la première fois que tout le monde voit autant d’individus réunis.

A ce moment de la progression les galeries deviennent beaucoup plus larges et on se rend compte que le réseau de Motillas est vraiment à part, des galeries qui partent un peu partout et sans doute encore de la première à faire.

Il faut qu’on reprenne le descriptif, la topo pour continuer, une équipe composée de Bart, Lalou et moi même partons devant voir où se trouve le « siphon des feuilles ». On commence à retrouver des bouts de bois, des galeries avec des marmites, ouh là, mais il doit y avoir de l’eau à certaines périodes de l’année alors.

Au final, nous nous retrouvons et sortons par le fameux siphon qui se trouve en étiage complet, juste en dessus on aperçoit la lumière : « El summidero de Paralejo ». Nous sommes en fait au dessous d’une autre perte aux dimensions assez sympas.

Là, on commence à appeler les grimpeurs, « ça passe en libre ? euh mais moi quand je grimpe c’est en chausson », c’est clair que ça change la donne, après une réunion au sommet de Motillas, nous décidons à l’unanimité de manger une autre barre de céréales, comme on dit « un Mars et ça repart.. ».

Après avoir cherché dans tous les sens ou plutôt sous les blocs deux pauvres barres de céréales, nous reprenons et décidons qu’une équipe (Geneviève, Alex, Antoine, Mathilde, Emma, Hamida et Fabien) sortira par une galerie fossile et fera la traversée du réseau et l’autre équipe (Bart et Lalou) fera demi-tour pour déséquiper. On commence à partir dans cette galerie tous ensemble, et là c’est une succession de colonies de chauve souris, Lalou et Bart font demi-tour alors que nous sommes encore dans des parties de dimensions moyennes, plus on s’approche de la sortie, plus les galeries s’agrandissent, les chiroptères volent de partout, il est 18h c’est bientôt l’heure de manger pour elles.

Une fois arrivé à la sortie nommée : « Cueva de Motillas » le soleil est juste en face de nous, que du bonheur. Après consultation des documents en ma possession, il apparaît que Motillas était l’ancienne résurgence du réseau avant un abaissement des niveaux. Cette entrée a été utilisée depuis toujours comme abris et très détérioré ces dernières années, Le GIEX doit mettre en place un plan de conservation et de nettoyage de la cavité.

D’après le descriptif, la marche de retour est assez compliquée. Effectivement, avec un croquis comme celui que l’on avait c’est compliqué. Nous commençons à passer sous les broussailles en essayant de s’orienter par rapport au soleil. Nous sommes au dessus d’une vallée mais qui n’est pas du tout un lapiaz, on trouve un olivier énorme, bref une belle balade botanique.

Bon les copains, il est 19h, on va allez voir en haut du Lapiaz voir si on peut voir les voitures, nous montons sur des arêtes qui seraient capable de couper un jambon ibérique par exemple…

En haut des crêtes, on se trouve au dessus d’un vallon en plein Lapiaz, le moment est magique, nous nous trouvons en plein milieu d’un Karst perché, du jamais vu pour beaucoup d’entre-nous.

On se concerte, «bon, vous en pensez quoi, on grimpe en face, de toute façon si on tient compte du soleil, il faut qu’on continue ». Allez c’est parti, et là sur la crête d’en face nous apercevons surgir deux paratonnerres déguisés en Spéléo qui commencent à crier « Eh oh », « Je suis le tonnerre » !!!, il s’agit bien sur de Lalou et Bart ;-)

Après 40min de plus, nous rejoignons les voitures pour se mettre au sec et manger un morceau. Quelle belle journée de spéléo, de découverte, de dépaysement en plein Lapiaz !!!!

TPST : 4h30

Troisième jour :

Réveil au pied d’un pylône électrique… Les aléas des bivouacs trouvés à l’arrache surtout de nuit et après s’être perdus dans un lapiaz juste avant… Petit déj au lever du soleil, tout le monde remballe ses affaires et attendons patiemment Fabien au bord de la route. Emma « se dévoue » pour aller remplir un jerrican d’eau à l’hôtel d’à côté ; entre temps un papi vient à notre rencontre et nous informe de la présence d’une source juste derrière nous… Emma revient !!! Trop tard… Enfin, Fabien arrive mais avec une mauvaise nouvelle… le canyon prévu au programme est annulé car des lâchés d’eau sont effectués. Donc on se rabat sur le canyon de Ronda.

Ronda : commune de 36000 habitants, coupée en deux par le río Guadelevín, qui coule à travers une gorge profonde appelée El Tajo, longue de quelques 500 m et profonde de 170 m, que l'on franchit en empruntant le Puente Nuevo (Pont Neuf) datant du 18ème siècle.

Une petite marche d’approche nous monte au pied de ces hautes falaises de conglomérats ; la ville nous domine, l’odeur nous atteint… A y regarder de plus près, l’environnement qui nous entoure n’est pas si sale : branches, vieux bidons, emballages plastiques, garde-corps tombés du pont… A priori pas de rejet d’égouts dans le canyon, sûrement juste le pluvial et tout ce qui va avec… mais l’odeur ressemble étrangement à celle d’un bassin d’aération d’une station d’épuration pour les connaisseurs… Bref, pas vraiment enjoués de se jeter à corps perdus dans cette eau pourtant bleue turquoise. Lalou, Fabien et Alexandre nous confirmeront de ne pas trop remuer le fond de la rivière sous peine de faire remonter à la surface un épais dépôt noirâtre et très odorant…

Bref, allez ! On s’y jette doucement mais sûrement sous les yeux étonnés des touristes perchés à une centaine de mètres au-dessus de nous. Une petite randonnée aquatique nous mène à la première cascade de 37 m juste après être passés sous le pont. C’est Lalou qui commence à râler heu… à équiper le rappel en monopoint ! La descente se fera rive gauche et hors de la cascade parmi les figuiers, mousse, et tuf. Si on oublie l’odeur, le cadre est malgré tout assez joli, si si ! Une petite randonnée nous mènera à une seconde cascade du même acabit. Nous retiendrons le fait de ne pas confondre les bidons avec des rochers… beaucoup moins solides quand on prend appui dessus.

4h plus tard… nous retrouvons Antoine qui était resté au point de départ pour réviser son permis bateau… il a bien choisit son jour le malin ! Et comme s’il avait senti le truc foireux, il avait préparé un petit goûter qui nous a bien requinqués, mais malgré être sortis de l’eau, l’odeur nous suivait... Notre combi et du coup notre peau étaient imprégnées de cet ignoble parfum et c’est sans doute ce qui a fait décidé Emma à finir par prendre une douche… dans le canyon ! Encore un truc drôle, en lisant les remarques faites sur le site descente-canyon.com : « On y resterait des heures sans se refroidir ! » « On se mouillait de bon cœur », bizarrement chez nous, l’effet était inverse.

Bref, pour se remettre de toutes ces émotions et surtout pour oublier… nous nous sommes posés sur la terrasse d’un vieux moulin retapé en restaurant, au pied du canyon, à siroter una cerveza. Puis, nous sommes remontés dans la ville et en avons profité pour visiter et manger des tapas.

Quatrième jour :

Mardi. Dernier jours de pluie de la semaine. Après un réveil froid (pour l’Andalousie) et humide, et un repli expéditif du camp, nous rejoignons Fabien, et en route pour le Gouffre Cacao. Arrivant au bout de 1h30 à un petit village typique (toutes les maisons resserrées entre elles et peintes en blanc vif), nous nous équipâmes sur un grand parking, à côté d’un élevage de sangliers, non, de cochons ibériques noirs.

Le tout avec l’enthousiasme que l’on devine (affaires spéléos mouillées, sol trempé, vent froid, température fraîche. Et pour ce taper 2h30 de marche d’approche hostile en plus).

Finalement, nous partons, avec des sacs inégalement répartis (Mathilde à pris toute la nourriture) pour l’ascension de la montagne. Passant à travers le village, puis attaquant le contrefort au niveau de l’arène. Ça monte. Au bout de 20 min, une vague bifurcation avec une porte dans la clôture permettrait peut être de gagner du temps, on se concerte devant la carte au 50.000ème pas IGN du tout, et on décide d’essayer. Un gros quart d’heure plus tard, on arrive au col… Et au gouffre. Ce raccourci a permit de réduire le temps de marche par trois, j’en ai rarement vu de plus efficace !

Le repas fut vite pris, au creux d’un repli du lapiaz, et je me suis lancé sur l’équipement.

P90, avec pendule à 25m du fond pour partir sur une galerie à 45°. Je multiplie les fracs pour optimiser la remonté (on est quand même 9) et pour faire travailler la technique. Bart et moi étions sur la galerie secondaire depuis à peine 5 min, quand un son cristallin (typique d’un huit) se fit entendre, suivi d’un fort vrombissement (typique d’une chute d’une grande hauteur) et d’un impact violent. Une fois rejoint par Emma, par chance en dehors de la trajectoire à ce moment, nous explique qu’il s’agissait du huit d’Hamida, visant Fabien. Par chance, ce dernier, pas rancunier, en avait un autre sur lui. La descente continua…

A partir de là, la galerie, d’une dizaine de mètres de diamètre, se pare de calcite, et c’est sur des coulées, devant des gours, et à côté de superbes stalactites que nous poursuivons la descente. Quelques petites longueurs plus tard, nous arrivons dans la salle finale, vers -125m.

De sublimes sapins d’argile calcifiés, de excentriques décimétriques, des gours aux gros cristaux, des draperies, un plancher suspendu et même de petites fleurs de gypse. Gavage, comme on dit. Nous n’en finissons pas de tourner et de regarder. Une fois que les appareils n’ont plus de batterie, et que tous on vu ce que tout le monde avait trouvé, nous remontons.

Arrivé au puits, vu qu’il y a des gens faisant la sieste au dessus, je fini d’équiper le puits d’entrée jusqu’au fond, histoire de récupérer le huit, que je retrouve, intact en visuel, avec une jolie salamandre en pleine forme, que je décide de remonter. Arrivé dehors, après franchissement et déséquipement des cinq fractionnements du puits, je remets la bête à sa sauveuse par maladresse, qui la relâcha assez loin dans un endroit humide.

Il fait beau, le ciel sans nuage nous rassure sur le reste de la semaine. Nous descendons aux voitures (par le raccourci…) et en route, après une collation légère à base de « nourriture pour oiseau », pour un bivouac à mi-chemin du retour, histoire de nous rapprocher du canyon du lendemain. En moins de 30min et après quelques attaques de chiens ou de propriétaires terriens pas partageurs, nous trouvons l’endroit adéquat, et Fabien nous y dropa pour la nuit.

Cinquième jour :

D’abord il fait chaud.

Départ le matin de Ronda direction « le camino del rey ».

Au programme : via ferrata. Mais comme soupçonné des travaux sont en cours, il s’agit d’installer une passerelle en bois pour permettre l’accès à tout le monde à ce site historique. Donc pas de via.

On the road again...again

En sortant de la voiture une petite blague de Fabien : « j’ai oublié les combi à Ronda ».

Ah non c’est pas une blague, il y retourne donc et on décide de s’approcher du camino sans lui.

Des caméléons

Réunissant tout notre courage nous tentons une approche pour essayer de déjouer l’interdiction de faire le camino. La ruse consiste à cacher le matériel dans les kits. Tenue de camouflage exigée : kit bleu sur t-shirt bleu, kit orange sur t-shirt orange, là c’est sûr on passera inaperçu. Si on nous pose des questions, on pourra dire qu’on veut juste aérer le matériel en profitant de la vue du camino. Des touristes lambda, à l’air bien innocent, il ne manque que les toutous à sa mémère.

Les espèces indigènes :

Végétales

Le chemin qui part du parking et amène au départ du camino s’est transformé en balade botanique, bordé d’une végétation étonnante, voire inédite (des fleurs d'agave qui ressemblent à des arbres). Antoine, l’élagueur qui veut se reconvertir dans l’environnement, est fortement mis à contribution pour tenter d’identifier les espèces rencontrées.

A deux jambes et l’œil belliqueux

Une rencontre avec un autochtone égaye cette fin de matinée. Il est charmant mais son air menaçant semble indiquer qu’il est fortement déconseillé ne serait-ce que de penser à faire le camino. Il nous a apparemment démasqués. La communication n’est pas évidente dans un premier temps, il parle espagnol, certains font mine de ne pas comprendre (notre traducteur était absent, il avait une course de dernière minute à faire) mais une phrase n’a pas besoin d’être bilingue pour être saisie : « una multa de 4000euros », c’est par personne ??!

Le camino, vu d’en haut

Quatre personnes (Hamida, Mathilde, Lalou et moi) partent faire une balade vers les crêtes pendant que les autres redescendent au parking jouer au palet vendéen (d’après leurs informations).

Nous marchons tranquillement vers les sommités calcaires lorsque soudain…une petite maisonnette cachée dans le paysage, quelqu’un s’est établi dans un habitat troglodyte, insoupçonnable avant d’arriver dessus. Du linge sèche dehors, on passe devant sans faire de bruit, il a dû nous voir mais reste dans son terrier. Des cairns nous signalent un chemin, on les suit et au détour du sentier, une belle plume de vautour (qui a voyagé depuis jusqu’à Javols). La balade fut très agréable, c’est-à-dire « aérienne », avec des petits passages avec les mains (4 max). En arrivant en haut la vue est juste grandiose. Une vue à couper le souffle (la montée n’a pas été évidente pour tout le monde) sur le camino et surtout sur les failles rocheuses qui plongent dans l’eau. C’est le paradis des géologues, des strates verticales magnifiques. Nous trouvons un point de vue intéressant, mais très près du bord qui conduit à un précipice. Chacun s’en approche à tour de rôle, Mathilde étant retenue à son pantalon par Lalou et moi, comme ça si elle tombe ce sera les fesses à l’air pour la plus grande joie des ouvriers travaillant en bas sur la passerelle, en cas de chute Lalou promet de remettre son pantalon à Antoine. Après des photos et des selfies de Lalou devant les failles (tombera, tombera pas ?) nous retournons sur nos pas rejoindre les autres en espérant qu’ils nous aient laissé quelque chose à manger (ils s’entraînaient au « palais » vendéen).

Mais sur le retour, « A la recherche du cairn perdu »…un cairn a failli manquer à l’appel, mal placé, il a dévissé pour s’échouer en contrebas (un peu aidé par M.G.). Grâce à nos talents de bâtisseurs on le remplace par un autre, « ni vu ni connu ».

Arrivés au parking on mange, puis on reprend la route et dans l’après-midi on arrive à Almuñecar.

Almuñecar !

C’est une charmante petite station balnéaire, 3 d’entre nous ont d’ailleurs pris un bain de mer (Emma, Bart et Antoine, d’ailleurs ça aurait été étonnant qu’il ne se baigne pas pour un breton).

Le soir belle surprise : on dort dans un vrai lit ! Merci Fabien ! Et en plus on a droit à une douche chacun ! (j’avais triché j’en avais pris une lundi).

Le soir, mus par un effet de meute, euh de groupe, certains vont prendre racine au bar (la majorité), et d’autres (Hamida, Lalou et moi) vont se promener. On est allé sur un promontoire rocheux, plus facile d’accès que les crêtes du camino grâce aux escaliers, d’où on a pu voir une croix bardée de plastiques qui doivent l’illuminer la nuit et les remparts d’une forteresse. En bas des escaliers il y avait la statue d’Ibn al Rhaman, celui qui est apparemment à l’origine d’al-andalous (= Espagne musulmane médiévale), ça vous fait penser à quelque chose ? (Genre Andalousie), en fondant le califat de Cordoue. D’où la forteresse (luttes de pouvoirs sur fond de religions qui ont marqué l’Espagne jusqu’au XV°, victoire des catholiques, d’où la croix).

En fin de soirée, bain d’à peu près minuit (je ne sais pas exactement l’heure qu’il était) pour les 3 mi hommes-mi poissons (Emma, Bart et Antoine) qui à la suite de cette expérience vont longuement nous parler des phytoplanctons. Pour plus de renseignements leur poser des questions (ils aiment beaucoup en parler).

Puis dodo pour tout le monde, moi en dernier le temps d’écrire mes 14 cartes postales, en compagnie d’une patte de porc.

Nuit ponctuée de nombreuses piqûres de moustiques, mais sommeil tranquille, insouciant, sans aucune idée de ce qui nous attendait le lendemain (si on avait su on aurait sûrement moins bien dormi).

Sixième jour :

Bon, c’est bien beau de jouer les beatniks et de dormir aux pieds des palmiers, mais il faudrait ptet ben y aller !!!

Nous sommes bien loin d’imaginer la journée qui nous attend…forcément, personne ne connaît ce canyon. L’exercice est tout de suite plus excitant !!!

En route pour ?????? , aux portes de la sierra Nevada et ses sommets fraîchement enneigés. Chaleur écrasante, topo de la marche d’approche incertaine, et le pire du pire… un foutu cabot qui, tout mimi soit-il, nous a piqué une belle miche de pain toute fraîche !! Malgré l’envoi de nos deux meilleurs tirailleurs, rien à faire, le clébard a disparu dans des fourrés obscurs pour savourer son butin.

C’est donc avec le moral des troupes lourdement touché que nous entamons la marche d’approche d’environ 2h30.

Après une grimpette de derrière les fagots, notre guide interprète semble pédaler dans la choucroute pour trouver le bon chemin. Au bout de 2 ou 3 tours et détours, nous tombons par chance sur « Pedro », éleveur autochtone, qui parviendra à nous remettre sur le droit chemin... Merci à toi !!! (perte de temps minime... et heureusement !)

Une fois sur le bief, plus rien ne nous arrête, enfin presque ; sur les 2h30 de marche, on peut bien compter 30 min de cueillette sauvage des plus savoureuses…. Raisin et grenade nous imposent un rythme de pauses …. très rapprochées ! Que du bonheur !

Sous nos pieds, par contre, nous devinons le canyon qui nous attend : étroit, costaud et piégeur. Une chance pour nous, le canyon sera quand même praticable malgré les récentes précipitations

Mais l’heure est au pique-nique et aux derniers préparatifs avant de se jeter à l’eau.

PLOUF ! Il est environ 13h00, soleil radieux et température de l’eau plus que correcte.

Tiens tiens !? Cette eau, trouble d’apparence, révèle une subtile odeur de lessive qui nous chatouille les naseaux ! Rien à voir avec le canyon de Ronda, certes, mais évitons tout de même de boire la tasse…

Comme prévu, le canyon est technique et complet : massif schisteux relativement glissant (sauf pour le crew des 5.10 forcément !)

C’est une succession de rappels (25 env ... x 9 personnes!) avec ou sans cascades, petits sauts, mains courantes aux fixations très limites (pour ne pas dire plus), franchissement en oppo’, toboggan et quelques zones à éviter IMPERATIVEMENT ! (machine à laver, toboggan scélérat, ….)

Nous évoluons dans un joli décor, très abrupte, où la roche creusée et façonnée par la force de l’eau nous offre de belles courbes sinueuses et quelques curiosités comme ces petits « pissous » sortants de la roche.

Le groupe évolue sereinement mais chacun reste concentré sur ses pas pour ne pas aller à la faute… et donc au tapis sur certains passages. Cette succession d’obstacles est très intéressante mais également fatigante… Après 4 h00 passées dans l’eau, une pause s’impose. Oui mais voilà. Nous ne sommes pas au bout de nos peines.

Un cadavre de biquette nous rappelle qu’il ne fait pas bon vivre dans le coin si on y reste un peu trop longtemps.

Nous poursuivons notre descente avec le même plaisir, les jambes certes un peu lourdes et un soupçon de sérénité en moins... Il est environ 18h00 et le bout du tunnel est encore loin. C’est pas comme si le jour se couchait dans une 1h30 !!!

C’est fou comme un canyon peu devenir davantage hostile quand la luminosité décline.

Heureusement, grâce à un timing dont seuls nos guides dévolus ont le secret, nous parviendrons à sortir des griffes du canyon à 19h 58, à la nuit quoi !!!

Et comme qui dirait, « j’adore quand un plan se déroule sans accros »

Dernier petit obstacle pour la route. L’arrivée se situe sur une petite centrale électrique à flanc de falaise, accessible par un tunnel. Et juste derrière, les véhicules et leurs lots de réconforts.

Nos meilleurs éléments ont là encore fait preuve d’une bravoure sans pareil pour franchir coûte que coûte la porte blindée…. Fabien, notre médiateur devenu borgne*, dû user de diplomatie pour calmer nos fous furieux et les contraindre de se rendre à l’évidence : une marche retour de 10 min s’imposait. (heuuuu qui a une lampe pour la marche retour ? toi, Bart. Et sinon ? Personne ? Ok. C’est parti !

*Mathilde s’est fait emporter par le courant et Fabien réussit un sauvetage in-extremis. En guise de remerciement, cette dernière lui présenta brièvement mais fermement son index dans l’orbite de l’œil droit. Geste d’une grande efficacité qui immobilisa son sauveur quelques minutes. Dès lors une distance de sécurité fût imposée entre nous et Mathilde.

Septième jour :

- ça veut dire quoi "prohibido de acampar en las playas", à ton avis?

- Je sais pas, ça ne doit pas concerner les français, du coup.

Après une nuit fort agréable à la belle étoile et au bord de mer, avec même un petit bain de minuit pour certain (de nouveau les phytoplanctons...), nous attaquons par un petit dèj sur la playa au lever du soleil. Puis direction le parc national au nord, pour le dernier et le plus beau canyon : le Riu Verde.

Une petite heure de route nous mène au "péage" de l'accès facile du canyon, heureusement fermé. Par conséquence, plus le choix de prendre l'option quatre heures de marche!

Un peu plus de route nous permet d'arriver au parking à l'entrée du parc : vue sublime, aucune habitation, falaises de calcaire superbes, végétation typique... Équipement et c'est parti pour une heure de marche descendante. Tout est beau, des chamois nous regardent passer et nous arrivons devant des cascades surréalistes, avec gours de tufs et eau bleue, venant de manière invraisemblable se déverser du sommet de la montagne. On se croyait dans un film de science fiction où le réalisateur n'était pas porté sur le crédible...

Dix minute plus loin, le Riu Verde, particulièrement bien nommé, nous annonçait de ses eaux cristallines que la journée allais être magique. Comme ils étaient loin ces canyons à eau putride et/ou opaque!

Mais tout cela, s'était avant le drame, bien entendu...

Moins d'un quart d'heure après le début, sur le premier saut (4 ou 6m au choix) dans une grande vasque turquoise, un bloc caché à deux mètres de profondeur eu raison du pied de Bart. Serrant les dents, il continua, laissant son sac à Alex.

Les obstacles se succèdent dans un décor majestueux, avec cette eau bleue/verte, ce calcaire blanc et ce concrétionnement orange partout présent sous l'eau.

C'est des sauts jusqu'à 8m (optionnels), des toboggans tumultueux et des cascades particulièrement superbes, notamment la dernière de la première partie, double (partagé en deux, le flot se réuni à mis descente).

Un porche gigantesque attire notre attention : son plafond est intégralement recouvert de stalactite de Tuf de plusieurs mètres. Je n'avais jamais imaginé que cela puisse exister...

A la fin de cette partie, essentiellement verticale, Bart repart directement (presque, 2h de marche...) à la voiture, accompagné de Fabien refusant de le laisser seul et de Mathilde, pleine de sollicitude.

La suite est plus horizontale, même si on tombe encore cinq ou six fois sur des sauts ou des rappels. La lumière se fait plus rasante, mais nous arrivons au barrage, point final du canyon (et arrivée au véhicule si nous étions passés par le péage).

A partir de là, trois heures de marche nous attendaient... Sur la partie finale, beaucoup de montés et de descentes, des ponts suspendus, des gués à côtés de ponts plus suspendus... autant de temps de marche retour que de canyon! La suite était une montée raide de 20 min, pour regagner une vieille piste (nous avons tous pensés à Bart). De là, on regagnait le tout début du canyon presque à l'horizontale, avec une vue majestueuse sur les montagnes sauvages et la mer au fond. Tiens, des chamois.

Puis c'est le retour au véhicule (encore une heure...). Heureusement, pour briser la "monotonie" du paysage, plein de jeunes chamois se promenaient et nous regardaient avec curiosité.

Nous arrivâmes à la nuit, les trois autres nous attendant enveloppés dans les duvets comme des nems ibériques. Retour à Almunecar pour une dernière nuit en appartement, avec séchage (égouttage au mieux...) des affaires et empaquetage.

Dernier jour:

Lever : 5h ! derniers rangements pour les premiers qui partent (Lalou, Hamida, Alex, Bart, et la plus formidable : Emma) direction l’aéroport de Séville. Geneviève, Mathilde et Antoine ont l’honneur de remettre les clés de l’appartement au gardien et de pouvoir dormir un peu plus longtemps, mais n’oublions pas les 1500 km de voiture qui les attendent. Ceux qui ont choisi l’option avion sont conduit par le généreux Fabien, 3h de route en perspective dans le fabuleux véhicule qui le lachera quelques jours plus tard… mais sans commentaire, visiblement c’est la TRADITION dans ce milieu. Sur la route, une étrange mélodie de berceuse retentit dans le camion, effectivement 4 personnes dorment déjà après quelques minutes de trajet. Puis relais entre Alex et moi pour maintenir Fabien éveillé !

Arrivés à l’aéroport : cafés, croissants et aurevoirs. Fabien fait demi-tour pour rejoindre femme et enfant ; Lalou et Hamida s’envolent pour Marseille ; Bart, Alex et moi tenont la promesse d’aller visiter le musée de la science faite il y a une semaine lors de notre première visite de la ville !!! très bonne après-midi ludique, gourmande et ensoleillée (36°C), puis retour à l’aéroport pour un départ imminent vers Lyon.

Une fois en France je me doit de citer la dernière péripétie : impossible de se souvenir dans quel parking de l’aéroport nous avions garé la voiture… on a mis 1h30 entre l’atterrissage et le démarrage de la voiture ! sans oublier la séquence tout terrain avec le charriot rempli de nos sacs ressemblant drolement à la scène d'une certaine Zézette en train de pousser son cadie dans le père Noel est une ordure, je ne citerai pas de nom !

Morale de la journée : prendre en photo l’endroit où on gare son véhicule !!!

FIN du Périple!!!

Publié dans Expé

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